retour
HEURES DE L’ACADÉMIE DU VAR

Discours de réception de

Henri-Pierre GERVAIS

Membre actif résidant

Louis Figuier et la transmission du savoir

     Je voudrais vous confier un souvenir personnel. En décembre 1964, une vingtaine de jeunes scientifiques, incorporés dans la Marine au grade d’Aspirant pour participer aux travaux du Groupe de Recherche Opérationnelle, terminaient leur formation au Dépôt des Equipages de Toulon ; on annonçait une conférence matinale : » Quelques applications de la Recherche Opérationnelle aux problèmes de stocks, à bord età terre « , par le CC1 FERRIER, chef de la Section « Organisation et Méthodes » du Commissariat. Une rumeur, phénomène fréquent dans ce type de communauté, s’est aussitôt répandue : » C’est le futur patron du Commissariat ». Et la rumeur disait vrai : dès le mois suivant, notre conférencier recevait ses étoiles, puis la Direction du Commissariat à Toulon ; six ans plus tard, c’est la troisième étoile et la Direction Centrale à Paris. Un parcours fulgurant lié, entre autres, à l’introduction de méthodes nouvelles dont le caractère mathématique fut aisément maîtrisé par cet ancien polytechnicien ; une aura qui dépasse de loin le cadre de notre Marine et qui lui vaut de présider en septembre 67 le Congrès de Recherche Opérationnelle organisé par l’OTAN sur le problème des « grands systèmes d’approvisionnement » ; un goût d’innover grâce auquel il donnera un nouveau souffle (et de nouveaux locaux !) à notre Académie, où il va occuper le fauteuil n° 36 et qu’il préside de 1977 à 1981.

     Sous l’amicale pression de mes deux parrains, le vice-amiral d’Escadre Jean GUILLOU et le contre-amiral Philippe DEVERRE, j’ai commencé voici trois ans à participer à vos travaux ; j’étais loin d’imaginer qu’avec la souriante complicité du Président Bernard BRISOU vous alliez me confier ce fauteuil prestigieux ; l’honneur que vous me faites ainsi me touche profondément.

       L’aggravation de l’état de santé de Jacques FERRIER en 2003 interdisait toute visite ; je n’ai donc pu venir lui rappeler l’impression que nous laissa son exposé de 1964 : en trois heures, de manière lumineuse, avec des exemples percutants, des liens continuels avec les cours théoriques des semaines précédentes, il nous a fait vivre de l’intérieur le Commissariat. Partis de rien, nous avions l’impression de tout connaître. Un magnifique exemple de la transmission du savoir, acte essentiel de notre société civilisée, symbolisé par cette sculpture où Lavoisier expose aux principaux savants de son époque les résultats de ses recherches, une information que ces derniers diffuseront à leur tour, par leurs discours ou leurs écrits.

*

    Monge, Berthollet, Lagrange Lamarck, Laplace, etc. tous sont animés d’un même souffle, celui des Encyclopédistes, qu’ils vont ensuite communiquer à tout le 19è siècle. Soixante dix ans après cette scène, à Paris on réimprime en toute hâte un ouvrage épuisé au bout de quelques semaines : «  Les Applications nouvelles de la Science à l’Industrie et aux Arts en 1856 ». Son auteur, Louis FIGUIER, n’est pas un inconnu : savant, Professeur à l’Ecole de Pharmacie de Paris, il est aussi journaliste, rédacteur du bulletin scientifique publié chaque semaine par le quotidien «  La Presse ». A ce titre il a « couvert » l’Exposition Universelle qui a drainé un immense public en 1855 vers le lourd Palais de l’Industrie édifié à l’emplacement actuel du Grand et du Petit Palais. Cette vitrine du Second Empire naissant l’a frappé par son caractère pédagogique, et il cherche à donner à ses observations un cadre et un public plus vastes. Aujourd’hui, où la faiblesse de l’enseignement scolaire de l’Histoire rend un peu flou le passé, on est effaré de découvrir tout ce qui était déjà connu à l‘époque (le moteur électrique) ou en gestation (la conservation des aliments).

      Les rééditions ultérieures comportent une mention qui, nous le verrons, annonce un tournant majeur dans les préoccupations de l’auteur. Mais, au fait, quel chemin a-t-il suivi jusque là ?

*    *    

           Jusqu’en 1930 on trouvait à Montpellier, derrière la place de la Comédie, au carrefour de la rue de la Loge et de la rue des Trésoriers de France, une officine au nom ronflant :

     Qui était ce Professeur ? C’est à lui que nous devons de manger du sucre de betterave. Rappelez-vous : en 1810, l’Europe subit le contre-coup  du Blocus continental ; les épices mais, surtout, le sucre de canne, ne nous parviennent plus. Les tentatives pour utiliser la betterave échouent, car on n’en extrait qu’un infâme jus coloré, absolument inutilisable ; divers agents de purification ont été essayés, notamment le charbon végétal, sans résultat industriellement acceptable. En calcinant des os de bœuf ou de mouton dans un creuset, un Professeur à l’Ecole de Pharmacie de Montpellier, Pierre FIGUIER, découvre un nouveau réactif, le charbon animal, dont les propriétés s’avèrent bien plus puissantes ; il atteint le but recherché, et l’application industrielle peut commencer.

     Avant d’être nommé Professeur lors de la création des Ecoles de Pharmacie en mars 1802, Pierre Figuier possédait une importante officine à Montpellier. Elle se transmit ensuite à son frère, puis à l’aîné de ses neveux, Oscar, lui-même excellent praticien comme en témoigne la médaille reçue en 1837 ; mais le Professeur est évidemment le célèbre oncle Pierre.

*

      Le second de ses neveux, Louis (né à Montpellier le 15 février 1819), grandit dans un cadre familial très favorisé et réussit un parcours scolaire fulgurant : en 1841, à 22 ans, il est pharmacien mais aussi docteur en médecine. De l’œuvre de son oncle il retient trois idées fortes : a) la science et ses applications concourent au bonheur des humains ; b) la connaissance du savoir, comme l’annonçaient les Encyclopédistes, améliore l’espèce humaine ; c) on ne connaît pas encore le mode d’action du noir animal, mais il n’a rien de surnaturel et une explication scientifique surgira tôt ou tard.

            Attentif à tout ce qui se publie ou se découvre, il s’ennuie à Montpellier, malgré le charme de cette ville qui a conservé sa splendeur du 18ème siècle : l’évolution scientifique se déroule essentiellement à Paris. Tel Rastignac, il rêve d’y faire sa place. L’occasion surgit en 1842 : son maître Joseph BALARD, lui aussi Professeur à l’Ecole de Pharmacie, à qui l’on doit la découverte du brome et d’innombrables applications industrielles, est nommé à la Sorbonne ; tout naturellement Figuier l’y rejoint comme assistant. Son entrée dans le monde universitaire parisien se fera en trois lieux :

- d’abord le 3 rue Saint-Dominique, hôtel particulier où Adolphe BRONGNIART, directeur de la Manufacture de Sèvres, et son gendre Jean-Baptiste DUMAS, ami de la famille Figuier, réunissent chaque dimanche après-midi les savants parisiens ;

  - puis l’Hôpital des Cliniques, situé face à la Nouvelle Ecole de Médecine, sous la rue Monsieur le Prince. Là, il retrouve presque chaque soir, pour discuter science et philosophie dans une atmosphère médicale, ses amis intimes Charles ROBIN, interne à l’hôpital, Charles WÜRTZ chimiste et Pierre Oscar REVEIL toxicologue ;

  - enfin la Sorbonne, son activité principale, mais aussi, en face d’elle, entre le Collège de France et le futur lycée Louis-le-Grand, l’ancien Hôtel du Plessis où l’on a installé tant bien que mal depuis 1826 les élèves de l’Ecole Normale (la rue d’Ulm, amorcée en 1810, ne les accueillera qu’en 1847). Balard y a été nommé Maître de Conférences et a eu comme élève PASTEUR (promo 1843), dont il sera le premier à reconnaître le mérite et les idées. Cette voie indirecte va créer une longue amitié entre Pasteur et Figuier qui, dans ses écrits ultérieurs, se fera le zélateur des méthodes pastoriennes auprès du grand public.

      Entre les trois sites, un itinéraire balzacien puisque c’est lui qu’emprunte Rastignac depuis l’aristocratique hôtel de Beauséant, en plein Faubourg Saint-Germain, pour regagner la sordide pension Vauquer, près de la rue de l’Arbalète.

     Toutes ces fréquentations lui montent un peu à la tête. Il se présente en 1844 à l’Agrégation de Médecine et, naturellement, est refusé (à  25 ans !). N’est pas Rastignac qui veut !

     A cette déception s’en ajoutent peu à peu trois autres : la découverte des aspects cachés du monde savant, où les grands mandarins règlent leurs querelles par élèves interposés ; la faiblesse des recherches qu’il exécute pour Balard ; et, enfin, l’effroyable misère qu’il observe lorsqu’il se rend dans le quartier Saint-Médard, rue de l’Arbalète, siège de l’Académie de Pharmacie où il a été élu.

      En 1846, il regagne donc Montpellier, où l’attend un poste de Professeur-adjoint à l’Ecole de Pharmacie, et va y rester sept années.

    D’abord il se marie, et pas avec n’importe qui : sa femme, Juliette BOUSCAREN, est la petite-fille du conventionnel montpelliérain Joseph CAMBON, d’où est issue une famille très riche sur le plan financier et surtout sur le plan intellectuel. D’un pasteur protestant qui dirigea ses études elle a reçu une instruction extrêmement développée ; plus tard elle écrira des nouvelles et des romans, Scènes du Languedoc qui préfigurent les récits provençaux, postérieurs, de Paul ARENE et Alphonse DAUDET. Digne compagne intellectuelle de son mari, elle animera avec lui après 1854 un des plus brillants salons littéraires parisiens.

      Cet environnement littéraire sera pour lui un puissant soutien dans ses multiples tâches : ses cours, ses recherches, son rôle de mandataire de Balard auprès des industries languedociennes mais aussi ses débuts de journaliste. Le 1er octobre 1848 il publie dans la « Revue des Deux Mondes » un article de 24 pages intitulé « Histoire et Progrès de la Photographie », rédigé à la demande de son ami Arago (qui avait lui-même présenté l’invention de Niepce et Daguerre devant l’Académie des Sciences). Un véritable miracle, dont le titre résume toute la méthode d’exposition appliquée par Figuier dans ses écrits ultérieurs : historique suivi d’un état des lieux, dans un style clair, alerte, enrichi d’anecdotes, qui a pris sa forme définitive.

Pas besoin d’être grand clerc pour saisir les deux parties de l’invention : la chambre obscure était à l’époque un objet familier, instrument de travail pour les artistes, jouet pour les enfants ; écoutons Figuier : « C’est donc un œil artificiel dans lequel viennent se peindre toutes les vues extérieures. Ces images, il fallait les fixer ; la chambre obscure est un miroir ; de ce miroir il fallait faire un tableau ». Pour cela, le terme de substance photosensible n’existait pas encore, mais chacun pouvait avoir constaté l’altération du papier et des tissus exposés à la lumière…L’auteur délivre en outre deux messages :

  - d’abord il faut se méfier des savants et de leurs conclusions péremptoires ; l’illustre Humphrey DAVY avait déclaré le insoluble le problème de la photographie !

 - ensuite et surtout on peut ainsi fixer maintenant l’éphémère, puis le transmettre.

Et il séduit le lecteur par un voyage imaginaire en Orient : grâce au daguerréotype, les membres de l’Institut d’Egypte pourront bientôt archiver sans peine les millions d’hiéroglyphes qui couvrent les monuments de Thèbes ou de Karnak.

     Il récidive en août 1849 avec La Télégraphie aérienne et le Télégraphe électrique » et, en septembre 1850,  avec « Les Aérostats et les Aéronautes ». Là encore, après un long exposé historique plein d’anecdotes et d’explications remarquablement efficaces, le lecteur a l’impression du vécu et se sent intelligent, apte à saisir ensuite un état des lieux parfois tracé au vitriol. Pour le Télégraphe électrique, outil de l’avenir, le reportage à travers l’Ancien et le Nouveau Mondes donne une conclusion catastrophique : le système développé par MORSE équipe déjà plusieurs milliers de kilomètres de lignes aux Etats-Unis ; l’Angleterre n’est pas en retard ; la Russie s’équipe et une ligne est en construction entre Vienne et Berlin. En France, à peine 100 km fonctionnent (mal) entre Paris et Rouen ! Notre pays est arriéré, victime de blocages qui doivent être cassés (obstination de scientifiques obtus, opposition des télégraphistes classiques ; et, pour cela, il faut un gouvernement fort, résolument partisan des techniques d’avenir.

*  

     Justement, cette perspective se dessine : le renversement de la Monarchie de Juillet puis, surtout, l’élection de Louis-Napoléon comme président de la Seconde République, en décembre 1848, sont pour Figuier l’annonce d’une ère nouvelle ; le Prince-Président, d’ailleurs, n’est pas pour lui un inconnu : les aspects sociaux développés dans « l’Extinction du Paupérisme » ont séduit ce grand bourgeois imprégné de saint-simonisme. Un opuscule également publié par le prince, « Analyse de la question des sucres », préconise de développer l’industrie sucrière métropolitaine « qui fait vivre sept départements et cent mille personnes » ; c’est évidemment très réjouissant pour le neveu de Pierre Figuier ! A lui donc, maintenant, d’accumuler les titres pour s’insérer dans le grand courant qu’il pressent.

     En août 1850 il soutient à Toulouse une thèse de Sciences Physiques intitulée « De l’action de la lumière sur quelques substances impressionnables ».

    Désireux de toucher une plus large audience qu’à travers la Revue des Deux Mondes, il publie en 1851, quelques mois avant le fameux 2 Décembre, l’ « Exposition et Histoire des principales Découvertes Scientifiques Modernes » ; il y adjoint à ses trois articles antérieurs huit autres chapitres de la même veine, où le terme « Science » prend un sens très large.

      Les trois tomes, vendus chacun au prix modique de 3,5 fr (environ 14 euros), vont s’arracher aussitôt : ils seront réédités tous les ans, de 1852 à 1855, sans attendre un supplément consacré au thème cher à Figuier, l’électricité.

    Début 1853, enfin, il se présente simultanément à deux Agrégations parisiennes, celle de Pharmacie et celle de Médecine. En médecine, on lui préfère le neveu du célèbre ORFILA mais, de la thèse présentée à cette occasion, il tire aussitôt pour le grand public un ouvrage intitulé « De l’importance et du rôle de la chimie dans les sciences médicales ». Fort heureusement il est reçu en Pharmacie et devient aussitôt titulaire d’un poste prestigieux, avec assistants et laboratoire.

      Toutefois l’Ecole de Pharmacie occupe toujours ses vénérables locaux du 21 rue de l’Arbalète, entourés d’habitations vétustes où croupit une population douteuse dans les odeurs effroyables que dégage la Bièvre encore à ciel ouvert. Figuier ne saurait établir dans ce quartier la résidence où il compte recevoir le Tout Paris des sciences et des lettres. Franchissant la Seine, il va occuper durant quelques années un hôtel particulier au 13 rue d’Aumale, dans un secteur loti à la fin de la Monarchie de Juillet entre la Chaussée d’Antin et la place Saint-Georges. Ses voisins les plus prestigieux seront THIERS, dont l’hôtel domine la place, et le peintre Gustave MOREAU, dans son atelier de la rue La Rochefoucauld.

   *

*     *

   Jusqu’à présent il a eu simplement la rage d’expliquer : « Il y a toujours, dans une question scientifique, même la plus complexe, dit-il, une partie accessible à tous les esprits, un côté attrayant, pittoresque et curieux ». Désormais il va consacrer en outre beaucoup de temps à transmettre l’information. Les rééditions de l’ouvrage de 1856, je vous l’ai laissé entrevoir, portent une annonce ; c’est : « pour servir d’Introduction à l’Année Scientifique ».

      En 1857, effectivement, paraît le premier tome d’une revue annuelle nouvelle, un titre très ambitieux, un vaste domaine déjà mondialiste, et qu’il signe :

  L’Année Scientifique et Industrielle, ou exposé annuel des travaux scientifiques, des inventions et des principales applications de la science à l’industrie et aux arts, qui ont attiré l’attention publique en France et à l’étranger.

      Dans ses 512 pages, une soixantaine d’articles très divers « piègent » le lecteur : percement de l’isthme de Suez (grand sujet d’actualité) avec historique du projet et carte en couleurs hors-texte, difficultés rencontrées pour la pose de câbles télégraphiques sous-marins à travers la Méditerranée et l’Atlantique, creusement du puits artésien de Passy, découverte de l’ozone, maladie du ver à soie et détresse de l’industrie séricicole, inondations consécutives au déboisement des montagnes, épidémie de typhus au Val-de-Grâce après la guerre de Crimée, voyages scientifiques au Chili et dans les mers du Nord. Figuier y exerce ses talents de physicien, de médecin, parfois d’humoriste. Je cite : le physicien Lissajous, mandaté à l’Opéra pour y harmoniser les voix, a été dans l’impossibilité de trouver un diapason dans cet établissement !

    Tiré d’abord à 3000 exemplaires, l’ouvrage est épuisé en trois mois et réimprimé aussitôt à 6000 ! Il y aura bientôt 15000 souscripteurs qui, désormais, dans les derniers jours de décembre, attendent avec impatience cette chronique de l’année écoulée. Ce travail titanesque lui permet de surmonter la perte de son fils unique en 1871 et de Madame Figuier quelques années plus tard. La publication se poursuivra pendant 57 ans jusqu’en 1914, vingt ans après la mort de l’auteur…Un coup de maître qui repose sur trois atouts :

 - en premier, l’environnement éditorial. Pierre-Jules HETZEL, qui nourrissait un projet similaire, est en exil depuis 1851 à Bruxelles, où il restera encore trois ans ; par son cercle normalien, Figuier accède à Louis HACHETTE, qui lui apporte son appui financier et son réseau de distribution.

  - ensuite, le contenant. Un volume d’environ 500 pages, d’une typographie claire et uniforme, dans un format in-18° qu’on peut appeler « format bréviaire » car on le glisse aisément dans la poche. Son prix modique (3,5 fr,  14 € aujourd’hui) est accessible à tous.

 - enfin le contenu. « On trouve tout chez Figuier ! » écrivaient les chroniqueurs de l’époque. Tout, sauf les mathématiques, considérées comme trop abstraites et intransmissibles. Reporter à «  La Presse », il a observé le véritable délire qu’a provoqué, de 1852 à 1855, l’ouverture du Bon Marché puis du Louvre ; cet « effet grand magasin », où le visiteur est aspiré irrésistiblement de stand en stand par la profusion des articles, il le transpose à l’information. 

            Chaque tirage annuel est un trésor documentaire ; l’auteur, toujours aussi clair, sait alterner les articles généraux et les informations simples, jusqu’à des faits divers qui amusent le lecteur et reposent son attention. Aujourd’hui encore, on s’y plonge des heures durant, comme des enfants dans le grenier des grands-parents. Au fil des années on y suit, pêle-mêle, la renaissance de la marine sous le Second Empire et la Troisième République (ah ! les belles descriptions des machines à vapeur et des cuirassés !). - la progression parfois chaotique de l’œuvre multiforme de Pasteur, couronnée en 1885 par la victoire sur la rage :

la construction de la tour Eiffel dominant, au Champ de Mars, en 1889, une Exposition universelle vitrine de la Troisième République. On découvre qu’en 1882 Paris compte déjà 1800 abonnés à ce nouvel outil de communication qu’on appelle le téléphone, présenté par l’édition de 1877 aussitôt après son invention par Graham BELL :


     La réparation des câbles télégraphiques confirme au lecteur stupéfait l’existence d’espèces zoologiques nombreuses à des profondeurs où l’on croyait généralement qu’aucun animal ne pourrait vivre (c’est le début des campagnes océanographiques).

     Alternant avec ces questions savantes, des « faits divers » égayent le lecteur encore aujourd’hui. J’en citerai deux :

- de 1866 à 1869, le mathématicien Michel CHASLES (oui, l’inventeur de cette relation qui terrorisait nos années lycéennes !) fut dupé  par un escroc qui lui vendit à prix d’or une série de lettres, dont la publication faillit provoquer un incident diplomatique entre les Académies des Sciences anglaise et française : certaines d’entre elles, semblaient prouver en effet que Pascal avait découvert avant Newton l’attraction universelle. Figuier relate comme un feuilleton policier la polémique provoquée par cette mystification, dont il révèle l’auteur, le faussaire Vrain-Lucas, seulement à la dernière ligne de l’épisode final !

- le second nous rapproche d’années récentes. Certains d’entre vous se souviennent peut-être du terme surprenant que le Général De Gaulle a utilisé un jour pour qualifier un langage incompréhensible, un sabir ou un galimatias : « C’est du volapük «. Eh bien, il s’agit d’un ancêtre maladroit de l’espéranto ; l’année Scientifique de 1888 décrit son invention datant de 1880, annonce l’assemblée annuelle de ses adeptes et ironise sur le peut d’intérêt que lui accordent les grands établissements internationaux, de peur du ridicule !

     Enfin, toujours sensible aux aspects humains, le médecin Figuier revient sur le destin de figures célèbres (la mort de Cavour, la blessure de Garibaldi) et nous apporte de précieuses données sur la santé publique, l’insalubrité des faubourgs et l’effroyable mortalité des nouveaux-nés placés en nourrice. Sans compter, à la fin de chaque volume, des notices nécrologiques qui décrivent non seulement la carrière, mais surtout l’environnement humain de chaque personnage.  

      Bien sûr, ce « pêle-mêle » a irrité quelques vieilles barbes imbues d’une fausse hiérarchie du savoir (Claude Bernard parla de profanation !) et jalouses du succès éditorial d’un confrère dont elles ne pouvaient contester la compétence et le professionnalisme ; car Figuier cite ses sources et, en bon reporter, n’hésite pas à vérifier sur les lieux.

     Il nous livre, expérience vécue, les conditions dantesques de franchissement du Saint-Gothard en l’absence de tunnel et nous emmène avec son ami l’ingénieur BELGRAND, le grand-maître des eaux de Paris, en une excursion mouvementée vers les sources de la Vanne et de la Dhuis…

*

     En 1862 il quitte l’Université. La tâche est trop lourde : rédaction, laboratoire, enseignement, aggravés par les embarras de Paris, où HAUSSMANN éventre les rues et détruit des quartiers entiers. Les querelles d’école, entre gros bonnets imbus de leur personne, l’indignent ; il écrit cette phrase terrible : « Les illustres chimistes Laurent et Gerhardt ont succombé, non aux atteintes de l’âge ou de la maladie, mais, comme on le sait, aux fatigues de la lutte contre les savants titrés qui leur barraient le chemin ». Enfin, rue de l’Arbalète, rien n’est plus comme avant : depuis 1859 le percement de la rue Claude Bernard a amputé de moitié le Jardin des Apothicaires et les bâtiments historiques de l’Ecole de Pharmacie.

      Assuré d’une large aisance financière par ses publications, il va se lancer en toute indépendance dans une aventure nouvelle où l’image prend une place centrale.


      En novembre 1859 Charles DARWIN a publié « L’Origine des Espèces » et provoqué une immense controverse. Le monde savant français se perd en discussions et le grand public est désorienté : préhistoire, fossiles, époques géologiques, il en a entendu parler parfois, et quelques articles de l’Année Scientifique ont annoncé des découvertes dont le sens lui échappe. On réclame à Figuier, dont la réputation de « Grand Clarificateur » est générale, un ouvrage de mise au point.

      La question lui est assez familière : durant l’intermède languedocien, il a publié plusieurs études sur la pétrification des coquillages méditerranéens. Mais la tâche est totalement nouvelle. Ecoutons-le : « Pour bien saisir le caractère de la vie pendant chaque période de l’histoire de la Terre, il faut parler aux yeux ». La sobriété de l’Année Scientifique, où la clarté du discours suffit, ne convient plus : il faut des images, beaucoup d’images.

      Il rachète les textes et les clichés de plusieurs cours universitaires, puis recrute une équipe d’illustrateurs. En 1863, toujours chez Hachette, paraît sous le titre «  La Terre avant le Déluge » un grand in-8° illustré par le fameux Edouard RIOU qui, révélé par le Salon de 1859, dessine par ailleurs pour le « Cinq semaines en ballon » de Jules VERNE. Pourquoi « le Déluge »? Parce que le langage familier qualifie d’ « antédiluviens » les êtres vivant à des époques très anciennes.

     En 500 pages, agrémentées de 350 figures et 8 cartes coloriées, le lecteur apprend comment la vie s’est peu à peu organisée à partir d’un chaos primitif ; émerveillé, il découvre des végétaux disparus depuis lors, et des animaux d’aspect effrayant reconstitués d’après leurs traces fossiles.

Ces organismes se sont succédé dans des ères géologiques où la Terre avait un tout autre aspect qu’aujourd’hui, tandis que la France en formation surgissait à peine de la mer primitive.

     Et rien d’imaginaire à tout cela : les sites des découvertes sont localisés en France et dans le monde. Bien plus, on sait que ces êtres préhistoriques ont réellement vécu ; des empreintes de pas dans la pierre émeuvent comme les dernières traces humaines dans une grotte.

Plein d’anecdotes, ce voyage à travers l’histoire de la Terre se lit comme un roman. Et, comme tout roman, il comporte un épilogue dont la première phrase est une question : « Après avoir étudié l’histoire de notre globe, nous sera-t-il permis de jeter un coup d’œil sur l’avenir qui l’attend ? ».

     De 1864 à 1872, Figuier va y répondre progressivement : année par année vont paraître les neuf volumes qui, ajoutés au précédent, constituent « les Tableaux de la Nature » :

« Le mot de Tableaux est ici bien adapté ; il ne s’agit point de traités purement scientifiques, mais de vues rapides accompagnées de représentations destinées à montrer les principaux objets et les principales espèces du monde organisé ». Un voyage à travers l’histoire de la Terre, une véritable Encyclopédie pittoresque, passionnante encore aujourd’hui grâce au talent de reporter de l’auteur et à son trésor d’images.

    Et c’est un triomphe : vendu comme tous les autres au prix de 10 fr (40 € aujourd’hui), le premier volume est épuisé en deux mois et doit être réimprimé ; en trois ans il s’en arrachera      30000 exemplaires ! Les étrangers s’en emparent : traductions anglaise, espagnole, danoise, suédoise… qui, dans leur pays, sont encore connues et citées. On voit même des contrefaçons !

     Ce formidable accueil ne fut pas toujours partagé par le monde savant, peu préoccupé de « transmission du savoir ». Les deux premiers tomes furent présentés à l’Académie des Sciences, en vue de concourir pour le prix Cuvier ; on leur préféra l’œuvre d’un obscur zoologiste spécialiste d’embryogénie, tout en faisant discrètement savoir à Figuier que le prix était réservé à un « véritable chercheur » !

      Il n’a cure de ce mépris teinté de jalousie. Le succès auprès du public lui apporte la considération et une aisance matérielle (une fortune, disent certains). Il quitte la rue d’Aumale, trop fréquentée maintenant, et s’installe près de l’Etoile dans un hôtel particulier de la rue Newton, un environnement alors très agreste aménagé après la démolition des barrières d’octroi qui jouxtaient l’Arc de Triomphe.   

      Et maintenant il va nous conduire au Pays des Merveilles ! Quinze années se sont écoulées depuis son coup de maître de 1851 ; les sciences et les techniques ont considérablement progressé en France et dans le monde ; une réactualisation s’impose, en conservant l’esprit « Exposition et Histoire » et, surtout, en introduisant l’image. Organisation interne et format se conçoivent assez vite, mais quel titre donner ? Reprendre celui de 1851 dérouterait… Tout s’éclaire lorsque Figuier rédige la préface ; écoutons ses premiers mots : « J’entreprends de raconter quelques-unes des merveilles réalisées dans l’ordre des sciences, par le génie moderne… ». Voilà : les Merveilles, un mot à la mode : Louis Hachette a déjà créé la collection « Bibliothèque des merveilles » (qui publie Camille FLAMMARION, notamment) et, surtout, en Angleterre le mathématicien Charles DODGSON, plus connu sous le nom de Lewis CARROLL, a fait paraître en 1865 son immortel « Alice au Pays des Merveilles ».

     Entre 1867 et 1870 on s’arrache les quatre tomes des « Merveilles de la Science », gros in-8° d’environ 700 pages et 200 gravures chacun, qui promènent le lecteur à travers une Exposition Universelle imaginaire. Le thème de l’Energie ouvre la marche : la Machine à vapeur, source majeure à l’époque, fait l’objet d’une introduction historique inégalée. Mais on file très vite vers son application aux transports : locomotives et chemins de fer (ce thème fascine et les peintres vont bientôt s’en emparer), navires à aubes ou à hélices,  naissance des premières compagnies de navigation. On découvre évidemment le Great Eastern, le plus gros paquebot à l’époque, sur lequel tant de personnalités ont traversé l’Atlantique, mais aussi celui dont les cales furent aménagées pour emmagasiner le futur câble transatlantique.


La marine de guerre s’équipe de magnifiques cuirassés. Pour aider la navigation, des phares sont édifiés ou reconstruits un peu partout (une carte donne leur implantation sur les côtes de France).

     L’électricité, chère à Figuier, fait des progrès considérables depuis l’époque historique des piles destinées à produire l’hydrogène des ballons, puisqu’on réalise maintenant des machines magnétoélectriques elles-mêmes mues par la vapeur.

     Elle envahit l’Art de l’Eclairage, dont le médecin Figuier nous dessine l‘historique. A Paris, dont les rues étaient des coupe-gorge deux siècles auparavant, les gigantesques travaux d‘Haussmann s‘effectuent maintenant à giorno, à la lumière électrique.

     Enfin la section Armes à Feu, dont la partie historique semble issue du Musée de l’Armée, présente en guise d’avertissement l’énorme canon Krupp de 1867.

*

     Très vite il faut se remettre à l’ouvrage : les lecteurs exigent une suite qui sera, sur le même modèle, les quatre tomes des « Merveilles de l’Industrie ». Ecoutons l’auteur : « L’industrie, telle qu’on la comprend, telle qu’elle existe de nos jours, n’est autre chose que la science appliquée. Fabriquer le verre ou la porcelaine, teindre les tissus, préparer le savon, travailler la laine, le coton ou la soie, tanner les peaux, etc., n’est autre chose qu’appliquer à la production manufacturière les principes qui sont développés dans les ouvrages de mécanique, de physique et de chimie ». C’est presque, déjà, le plan de l’ouvrage….

     Deux exemples le résumeront pour nous :

-  Les familiers de Balzac, balzacophiles ou balzacomanes, savent que « les Illusions perdues » décrivent à deux reprises la fabrication du papier, du papier de Chine notamment, et les matières végétales qu’elle utilise en dehors du chiffon. On peut retrouver tout cela en détail dans la Section « Industrie du Papier » des Merveilles, où des planches magnifiques présentent ces ressources végétales, la fabrication manuelle décrite par Balzac, et l’impression du papier peint qui fait fureur en cette seconde moitié du siècle.


-  En 2006 le château de Versailles a présenté une exposition intitulée « Splendeurs de la Cour de Saxe ». On pouvait y admirer les collections rassemblées entre 1700 et 1730 par AUGUSTE le FORT, prince-électeur de Saxe et roi de Pologne ; fasciné par Versailles, ce souverain avait à Dresde une cour dont Voltaire a pu dire plus tard qu’ « elle était la plus brillante d’Europe après celle de Louis XIV ». Sa passion pour la porcelaine de Chine était telle, qu’elle lui fit un jour échanger un régiment de 600 dragons contre un ensemble de 150 vases monumentaux de l’époque Kang Xi. Figuier, dans la Section « Porcelaines », raconte comment elle a conduit à percer le secret des Chinois ; une aventure qu’on peut intituler « De l’utilité des perruques ». Le prince détenait à cette fin, enfermé dans un laboratoire aménagé au château d’Albertstein, le célèbre alchimiste BÖTTICHER, dont les essais restaient vains faute de connaître le matériau de base, le kaolin. En 1711, un riche maître de forges, Jean SCHNORR, sut tirer parti d’une terre blanche sans valeur, dans laquelle les sabots de son cheval s’étaient enfoncés près d’Aüe, dans l’Erzgebirge : elle pouvait remplacer, pour poudrer les perruques, la poudre d’amidon très coûteuse employée jusque là. Ecoutons Figuier : « Bötticher poudrait sa perruque comme tout le monde. Il fit usage, comme tout le monde, de la nouvelle poudre, et ce faisant, il remarqua que cette poussière blanche avait un poids inaccoutumé. Son valet de chambre  lui ayant appris que cette préparation était une terre que l’on retirait des environs, Bötticher eut l’idée de l’essayer comme argile dans la confection de ses poteries. A sa grande joie, il reconnut bientôt qu’il avait trouvé dans le kaolin d’Aüe (surnommé plus tard terre blanche de Schnorr) la matière que l’on cherchait depuis longtemps pour la fabrication de la porcelaine dure de Chine ». La fabrication industrielle commença aussitôt à Meissen.

     Dans les quatre tomes, Figuier se pose en digne successeur des Encyclopédistes. Fait très rare à son époque, il consacre des centaines d’illustrations aux métiers, ainsi qu’aux conditions de travail de ceux qui les exercent ; chez lui, le médecin et l’hygiéniste se réveillent vite, parfois avec humour, comme vous le voyez ! :

.

     Un métier lui est particulièrement cher, celui d’ illustrateur. En incluant les trois ouvrages que nous venons de présenter (Tableaux de la Nature, Merveilles de la Science, Merveilles de l’Industrie), qui constituent ses Trois Grands, l’œuvre de Figuier comprend 80 livres divers, de toutes tailles, où l’on recense plus de 8000 images ! Immense travail de conception, de mise en page et de concertation avec l’équipe de dessinateurs et de graveurs qu’il a rassemblée. Au total il sont plus de 200, depuis de très grandes figures comme Gustave DORE, Emile BAYARD, Jules FERAT, Yan’DARGENT, Edouard RIOU,… jusqu’à d’humbles graveurs dont le nom s’est perdu.

     Certains d’entre eux, par ailleurs, collaborent avec l’éditeur Hetzel revenu d’exil et, bien entendu, avec Jules VERNE. La question vient aussitôt : « Y a-t-il eu influence mutuelle ? concurrence amicale ? ». Tous deux ont amassé au fil des années un trésor documentaire que chacun va exploiter à sa manière.

De 1865 à 1882, une expédition menée par le commandant ROUDAIRE explore la « région des chotts » qui, depuis le sud tunisien, s’étend vers le sud des Aurès, entre Biskra et El Oued ; les relevés géodésiques et l’analyse des sols montrent qu’il s’agit d’une ancienne mer intérieure et qu’on pourrait la ressusciter en lui amenant l’eau de la Méditerranée par un canal creusé depuis Gabès. Un projet ambitieux, soutenu par Ferdinand de LESSEPS ; discussions houleuses à l’Institut, avis contradictoires sur le débit nécessaire pour compenser l’évaporation, manque de capitaux, font abandonner en 1884 une aventure dont Lesseps, en difficulté à Panama, se désintéresse. L’Année Scientifique y consacre plusieurs articles bien documentés, qui font rêver les lecteurs ; puis elle s’arrête là, puisque l’aventure a pris fin. Vingt ans plus tard, dix ans après la disparition de Figuier, Jules Verne en tire un roman : le canal est en cours de creusement ; un chef touareg opposé au projet  réussit à s’évader de Tunis, puis à capturer dans le Sud une mission géologique ; après bien des péripéties, ses membres sont sauvés par l’inondation des chotts, qui noie leurs ravisseurs. C’est le roman « l’Invasion de la Mer ».

     Toute la différence est là : Jules Verne extrapole des faits réels pour composer une aventure romanesque, dont le fil et les héros passionnent le lecteur encore aujourd’hui ; à Amiens comme à Nantes, sa maison et son musée attirent un nombre croissant de visiteurs et de chercheurs.  Figuier, lui, poursuit son objectif de transmission du savoir ; il rapporte simplement les faits et nous séduit en leur donnant un parfum d’aventure qui les fait vivre. En son temps, il fut plus célèbre et plus édité que Jules Verne ; jusqu’à la dernière guerre, les Merveilles de la Science figuraient en bonne place dans la bibliothèque des collèges, et notre bon vieux Malet-Isaac le cite en référence dans sa bibliographie. Il est totalement tombé dans cet oubli qui guette les reporters : après la dernière guerre, par exemple, des journalistes remarquables ont écrit des reportages passionnants sur la situation de l’Europe et l’actualité mondiale ; qui lit encore Serge Bromberger ou Dominique Auclères ? Une page est tournée…

     Je voudrais témoigner toute ma reconnaissance aux deux personnes qui m’ont si gentiment aidé à compléter ma documentation : Corinne BABEIX, bibliothécaire du Service Historique de la Marine à Toulon (et membre de notre Compagnie) et Véronique GILLAIN, son homologue à l’annexe Lagoubran de la Bibliothèque Municipale.

      Après vous avoir remercié de m’avoir écouté si patiemment, je vais vous livrer deux citations :

 - l’une émane de notre Prix Nobel de Physique Pierre-Gilles de GENNES, dont le champ de recherche est si vaste que certains l’ont parfois qualifié de « touche à tout » : « Dans mon enfance, dit-il, j’ai eu la chance de dévorer Figuier. Les Merveilles de la Science ont déclenché mon rêve de Physicien et m’ont révéle l’infinie diversité du savoir ».

  - l’autre va vous montrer combien Figuier a su séduire un public très inattendu. Voici quelques vers offerts par « l’Homme aux semelles de vent » :

- Et, pour la composition
De Poèmes pleins de mystère
Qu’on doive lire de Tréguier
A Paramaribo, rachète
Des Tomes de Monsieur Figuier,
- Illustrés ! - chez Monsieur Hachette !

                                                                                                                                                                             Arthur Rimbaud
                                                                                                                                                                                14 juillet 1871